Parenthèse Singapourienne
Ce jeudi 17 novembre 2016 signe ma dernière journée sur Bali.
Direction donc Singapour !
Je n’avais pas vraiment prévu d’y passer, n’y voyant qu’une ville-état ultra moderne avec des tours remplissants chaque mètre carré. Mais le fait que j’ai une connaissance habitant sur place et encline à m’héberger a changé la donne. C’était l’occasion ou jamais !
Pour me rendre à l’aéroport de Denpasar, je passe au front desk de mon hôtel pour profiter de leur service de transport.
21h, la nuit est depuis longtemps tombée sur Kuta.
J’embarque dans une grosse berline, et fait mes adieux à ce pays, en contemplant ses rues depuis la vitre passager.
Etre témoin de ce joyeux chaos une dernière fois.
L’aéroport Denpasar est également pas mal animé malgré l’heure tardive.
Mon vol est à 23h, un des derniers de la soirée.
Dans les allées du duty free, je croise un immense sapin décoré qui me rappel que Noël est dans quelques semaines.
Dur de réaliser si loin de France, dur de réaliser avec un tel climat tropical.
Durant mon attente, je ressens un petit pincement au coeur de quitter Bali, mélangé avec une certaine fierté d’avoir surmonté mon choc culturel. Le tout saupoudré par une légère crainte, celle d’oublier tout ce que j’ai appris.
En effet, Singapour est un pays très moderne. Je vais ainsi vite retrouver mes marques d’occidentale. Mais du coup, après avoir regoûté à un pays au niveau de développement semblable au mien, ne vais-je pas subir un nouveau choc en le quittant pour ma prochaine destination, la Malaisie ?
Je laisse cette crainte dans un coin de ma tête, et me concentre sur mon arrivée à Singapour.
Car vu l’heure à laquelle j’arrive, cela risque d’être épique à souhait !
Mon heure d’arrivée était déjà tard (minuit), mais en plus mon vol aura du retard au décollage !
Le temps de trajet n’est que d’une heure, mais cela me fera tout de même arriver à minuit heure locale de Singapour.
Mon hôte, Marc, m’indique que lui et sa copine seront au lit, et qu’il faudra alors ne pas hésiter à appuyer fort sur la sonnette…
Une fois dans l’avion, le trajet passera comme une lettre à la poste.
Sur l’écran de mon siège, j’ai eu le temps d’admirer la carte du monde, et de voir que mon petit trip en Asie avance doucement.
C’est ainsi en pleine nuit que je pose mes pieds sur le sol singapourien.
A chaque aéroport, la même corvée : faire la queue pour obtenir son coup de tampon. Une tâche qui en 7 mois d’aventures restera toujours aussi frustrante pour moi. Vous venez d’arriver, vous êtes crevé, vous pensez enfin pouvoir enclencher le mode turbo pour sortir de l’aéroport et trouver votre chemin, et non, il faut encore perdre une bonne dizaine de minutes encore à attendre !
Suivi par une autre perte de temps : échanger votre monnaie et retirer de l’argent.
Ainsi mes dernières grosses coupures de roupies indonésiennes se transforment en une poignée de dollars singapouriens. Pour vous donner un ordre d’idée, 10 euros équivalent à 16$ singapouriens. La vie y sera donc chère !
Une fois dehors, qu’une envie, m’en griller une.
Pour autant je fais très attention car je sais qu’ici, ils ne plaisantent pas avec les espaces fumeurs et les mégots sur la voie publique. Au premier fumeur que je croise le long de l’aéroport, je lui saute dessus pour occuper le même espace.
Vu que l’heure est (très) matinale, aucun métro n’est en service.
Je suis donc les directives de mon hôte Marc, et prend un taxi.
Malgré toutes les informations que m’a fourni mon ami, le chauffeur aura bien du mal à localiser l’endroit.
Etant plus habitué à transporter les gens dans des hôtels que dans la ville j’imagine.
Mais bref, après plusieurs minutes, nous sommes en route pour le 40 Hertford Road.
Le souffle chaud de l’aventure commence doucement à me parcourir.
« Dans quoi je me suis encore embarqué ! » pensais-je, rêveur, les yeux virés sur la vitre passager.
La nuit noire nous entoure.
Fini les petites routes de campagne de Bali, nous fonçons sur une autoroute moderne.
Fini également les innombrables scooters, place à un parc de voitures modernes.
J’ai rencontré Marc sur un forum internet il y a une dizaine d’années.
Forum que nous ne consultons plus tous les 2 d’ailleurs. Je sais que c’est un bon gars, mais au final, je ne l’ai rencontré physiquement que 2 fois auparavant ! En 2009, sur Paris. C’est donc plus une connaissance qu’un ami, ce qui rajoute au n’importe quoi de cette situation, c’est à dire lui me loger dans son chez lui à Singapour, où il vit avec sa copine indienne.
Une petite demie-heure de route, et me voilà arrivé à destination.
Il est une heure du matin passé, je me sens assez mal pour Marc !
Encore faut-il que j’arrive à le contacter…
Pas de wifi dans les environs, je ne peux donc pas lui envoyer un message sur Messenger.
J’ai beau sonner à l’interphone de sa résidence, je n’ai pas de réponse.
Et bien mes ptits frères, on est pas couché !
Je me retrouve coincé à une heure tardive, dans une rue remplie de résidences plutôt cossues.
Avec mes 2 énormes sacs, je fais un peu tâche, et aussi assez suspect… A une heure de vol, j’avais peur de la délinquance, maintenant j’ai peur qu’on me prenne pour un délinquant !
Les minutes tournent, pas un chat dans la rue.
I have to make a move.
La clôture de la résidence est constituée de hautes tiges en métal, mais je sais que je suis assez souple et que je dispose d’une force dans les bras suffisante pour la franchir… Je ne vois pas d’autre solution, il est 1h30 du matin, je fatigue, vous m’excuserez ! Je sais pourtant pertinemment qu’au fond, cela risque de ne pas m’avancer beaucoup, ayant la porte du hall à franchir, mais je ne me voyais pas rester sans rien faire.
Je prend alors appuis sur un rebord près de la clôture, et fais passer mes sacs de l’autre côté, avec grande précaution, en les accompagnant dans leur chute centimètre par centimètre, plaçant mes mains à travers les barreaux.
Viens mon tour.
Je regarde à gauche, à droite, rien à l’horizon.
Je me dis merde, tu aurais pu choisir un autre pays que Singapour pour jouer aux apprentis cambrioleurs…
Avec une poussée de mes avant-bras, je passe au dessus de la barrière, et rejoins mes sacs.
Je les trimbale jusqu’à l’entrée du hall, où la porte est bien sûr close.
Il aura fallu encore quelques coups de sonnettes échelonnées sur plusieurs minutes pour enfin recevoir une réponse. Me voilà sorti d’affaire !
Un ascenseur se pose encore entre Marc et moi.
Arrivé à son palier, je remarque tout de suite une habitude locale : on laisse ses chaussures à côté de sa porte d’entrée. Des petits meubles sont prévus à cet effet.
Marc m’ouvre, avec un oeil encore fermé.
Bien qu’il fasse sombre, je sens que l’appartement est grand et moderne.
Nous parlons à petite voix pour ne pas réveiller sa douce.
Vu l’heure tardive, pas beaucoup de parlotte ce jour-là. Mon hôte m’installe sur son canapé et m’amène des couvertures pour la nuit. Le climat ici est aussi infernal qu’à Bali, mais la climatisation marche à plein régime ! Il fait pour ainsi dire frais dans l’appartement.
Morphée ne fut pas trop dure à trouver cette nuit-là.
Réveil sur les coups de 8h, mes hôtes devant se lever pour aller bosser.
Et oui nous sommes vendredi !
Mon séjour sur Singapour sera bref.
Trois jours au total.
Je ne savais pas trop combien de temps consacrer à ce pays, et 3 facteurs sont rentrés en jeu.
Le premier, le coût de la vie !
Comme je l’ai déjà précisé plus haut dans cet article, Singapour a un niveau de vie semblable au notre. Moi qui prévois de voyager le plus longtemps possible, je ne peux pas me permettre de rester trop longtemps ici, mes économies fonderaient comme neige au soleil.
En second, l’obtention du visa touriste.
En tant que français, aucune procédure n’est demandée. Par contre, les douaniers peuvent vous demander une preuve de sortie de territoire, comme un billet d’avion retour. Pour ne pas risquer de me faire renvoyer à Bali, j’ai donc réservé un bus en direction de la Malaisie avant mon arrivée à Singapour. Alors que je ne savais pas vraiment quoi faire sur place et donc combien de temps consacrer à cette ville-état.
Enfin en dernier, quelque chose de plus trivial.
Je suis logé chez quelqu’un. Donc comme tout le monde, je n’ai pas envie de squatter trop longtemps et de déranger mes gentils hôtes. Je ne souhaitais donc pas leur faire subir ma présence trop longtemps !
Ces derniers partis, j’ai l’appartement pour moi.
Je profite de leur très grande terrasse, où s’y accumule des objets plus improbables les uns que les autres, du canapé aux équipements de fitness.
Le ciel est blanc, le quartier a l’air tranquille.
Allez, il est temps de bouger ses fesses !
En route donc pour la station de métro la plus proche, Farrer Park.
Quel choc en rentrant dans sa bouche, c’est tellement moderne !
Métro automatique, écrans partout et une propreté inimaginable. C’est bien simple, on pourrait manger par terre si on le voulait !
J’emprunte donc la North East Line jusqu’à la station Dhoby Ghaut, puis je passe sur la Circle Line pour m’arrêter à Esplanade. Histoire de me rapprocher un peu du centre-ville.
Dans le métro, je me rend compte du brassage ethnique de ce pays.
Je croise aussi bien des personnes d’origine chinoise, indienne, malaisienne, ainsi que de nombreux expatriés occidentaux. Pour la majorité pieux et respectueux, personne ne souhaite faire de vague. Les yeux rivés sur leurs smartphones.
Arrivé en surface, le temps est toujours aussi gris.
Je me trouve à Marina Bay, une baie formée devant l’embouchure de la rivière Singapour.
Grande place piétonne boisée, immense centre commercial moderne surmonté d’une verrière.
Ca claque.
Ca claque beaucoup.
En arrière plan, impossible de manquer Marina Bay Sands, un énorme complexe hôtelier, ouvert en 2010.
Avec son design original et sa piscine présente sur la terrasse, ce bâtiment est devenu depuis une icône de Singapour.
C’est l’heure de la pause déjeuner, je croise ainsi de nombreuses personnes entrain de manger sur des bancs publics. Principalement des singapouriens d’origine chinoise, bien habillés, travaillant dans des bureaux. A quelques mètres d’eux, à même le trottoir, des compatriotes eux d’origine indienne, font la sieste. Cette équipe dispersée m’a l’air de travailler dans la construction.
Comme il est étrange de se déplacer dans le downtown de Singapour !
Larges artères, grosses voitures et buildings, je pourrais presque me croire aux US.
Cela résonne un peu comme une dissonance dans mon cerveau.
Cet environnement ressemble à ce que j’ai pu connaître dans le passé, mais en même temps tellement de détails me montrent que ce n’est qu’une fausse impression.
La chaleur humide est un signe qui ne trompe pas.
Je me trouve bien en Asie du Sud-Est !
Ainsi que la culture chinoise, bien présente
En remontant vers l’ouest Marina Boulevard, je croise une foule dense de singapouriens.
Le passage est important.
Je suis également témoin d’une scène assez cocasse.
En effet, plusieurs voitures de police sont présentes sur le bas côté, avec des policiers établissant un périmètre. Je ne sais pas trop le but de leur présence, arrestation d’individus ou simple accident de la route. Mais en tout cas cela a le mérite d’attirer l’attention des locaux !
Sur le trottoir adjacent, se trouve une ligne continue et compacte de personnes. Elle reste statique, observant les policiers, comme si c’était un événement extraordinaire. La vrai bizarrerie vient vraiment du fait qu’ils restent tous immobiles, sans réaction. Passifs, comme s’ils étaient devant leur télévision. Je met ça dans le sac différences culturelles !
Au milieu des tours, des petits îlots datant de la colonisation européenne sont présents.
Ici point de buildings, mais des petites bâtisses de toutes les couleurs qui viennent illuminer vos pupilles.
A certains endroits cela fait presque maisons de poupées.
Toutes très bien rénovées, occupées aujourd’hui par des cafés à thèmes et autres commerces, qui en fait un endroit privilégié par les csp+.
En me perdant toujours plus dans la ville, je suis agréablement surpris par la présence de nombreux bâtiments coloniaux. Moi qui m’imaginais Singapour comme le Manhattan de l’Asie du Sud-Est !
Sentiment positif qui s’accentue encore plus lorsque je me promène dans Chinatown.
J’y croise des bâtiments colorés, aux détails stylisés.
Bref, au charme ancien.
Et certain.
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