Passer une frontière en Asie est toujours un moment assez redouté.
Peur d’avoir oublié un document, crainte de se faire arnaquer, angoisse dû au facteur humain.
De Singapour jusqu’au Laos, tout c’est déroulé le plus simplement du monde, sans surprise.
Fin janvier 2017, arrive alors le moment où je dois franchir la frontière entre le Laos et le Cambodge…
Frontière qui possède une sacrée mauvaise réputation dès que l’on pioche quelques retours.
Un sujet de discussion infini entre voyageurs que l’on rencontre au Cambodge !
Combines, abus de pouvoir, corruption.
Bref le complet, salade, tomate, oignon.
Ce poste frontière est en effet chaotique et truffé d’arnaques.
Suivez mon récit pour savoir à quoi vous attendre et ne pas vous faire plumer !
Où se situe la frontière ?
Elle se trouve à l’extrémité sud du Laos, à proximité des 4000 islands.
La dernière ville laotienne, Veun Kham, se trouve au bord de la frontière, tandis que son équivalent cambodgien, Stung Treng, se situe à plus de 80 km au sud.
Comment s’y rendre ?
Un autobus relie Pakse à Stung Treng.
Mais du fait de la proximité de la frontière avec les 4000 islands, ces îles magnifiques servent pour beaucoup de stop final avant de se rendre au Cambodge. Ainsi, depuis les îles de Don Khong, Don Det ou bien encore Don Khon il est possible de réserver un bus pour quitter le Laos.
Pour le prendre, vous devrez pour cela reprendre le bateau pour rejoindre Nakasong, la ville de transit pour atteindre/quitter les îles. Les agences touristiques sur les 4000 islands proposent des offres combinant bateau+bus, pour un prix oscillant autour de 20$.
De plus, si vous ne souhaitez pas vous arrêter à Stung Treng, il est tout à fait possible de réserver un bus en direction de Siem Reap, Kratie ou bien encore Phnom Penh. Les prix peuvent alors atteindre 30$.
Renseignez-vous bien avant de réserver !
En effet, il est possible de trouver moins cher mais alors le trajet Nakasong/Cambodge se fera dans un van vétuste où vous serez littéralement entassé dans l’habitacle avec les autres voyageurs et leurs sacs.
Comment passer la frontière ?
L’aventure commence.
Accrochez vos ceintures et sortez le doliprane.
Le prix théorique du visa touristique cambodgien est de 30$.
Mais du fait de la corruption, il sera très dur de ne pas payer plus.
Au final, selon votre temps et votre motivation, on peut obtenir 3 tarifs différents : 30$, 35$ et 40$.
Suivez le guide !
Visa pour 40$
Ce montant est celui demandé par le collègue du conducteur de bus. Ce dernier, durant le trajet, vous fera un petit speech vous informant qu’il va passer prendre les passeports des passagers ainsi que 40$ par tête et qu’il s’occupera de tout. Une fois à la frontière il descendra seul de l’engin pour tout régler.
Même si vous n’êtes pas à 5 ou 10$ près, j’encourage tout de même tout le monde à ne pas opter pour cette solution, car il n’y a aucune raison d’encourager ces passeurs et cette mafia.
Visa pour 35$
Dans le bus, refusez de donner votre passeport et informez le rabatteur que vous allez vous occuper de votre visa par vous-même.
Il vous dira que les personnes qui souhaitent descendre du bus encours le risque de ne pas pouvoir réembarquer une fois côté cambodgien, car si ces derniers prennent trop de temps le bus ne les attendra pas.
Cela met un bon coup de pression mais ce n’est que de la fumisterie.
Je m’étais dépêché, mais ayant eu nombre de péripéties au poste frontière, il m’a fallu quasiment 30 minutes pour obtenir mon visa. Seuls 5 passagers avaient osé descendre. Arrivé au bus en nage, pensant être en retard, ce dernier mettra en fait 30 minutes supplémentaire pour repartir… Le temps nécessaire pour que le passeur du bus revienne avec sa pile de passeports. Donc pas de panique, le temps, vous l’avez.
Côté Laotien
Une fois sur la terre ferme, dirigez-vous vers le poste frontière du Laos.
Les douaniers vous demanderont 2$ pour apposer le tampon de sortie du territoire sur votre passeport.
Mais c’est de l’abus de pouvoir total ! Vous n’avez en rien besoin de débourser cette somme, le tampon est gratuit.
Pour l’obtenir gratuitement, 2 solutions.
S’il y a beaucoup de monde au guichet, vous pouvez reprendre votre passeport et attendre que la foule se dissipe. Vous pouvez même en attendant marcher jusqu’au poste frontière cambodgien et commencer votre demande de visa cambodgien.
J’avais pour ma part opté pour cette solution, en espérant pouvoir passer au Cambodge sans le tampon de sortie laotien.
Mais cela bloque au moment d’obtenir son coup de tampon d’entrée en territoire Cambodgien. J’avais ainsi dû rebrousser chemin jusqu’au poste frontière laotien.
La foule était partie, et les douaniers m’ont finalement enfin tamponné gratuitement mon passeport sans (trop) rechigner.
En me précisant que j’aurais pu attendre ici pour l’obtenir le temps que la foule diminue.
L’autre solution pour ne pas payer ce bakchich est plus radicale : sortir une caméra.
Il faut alors être intelligent et l’utiliser avec parcimonie.
En effet, cet acte va exciter les douaniers, il faut donc filmer, s’arrêter de filmer, prétendre que la caméra est éteinte s’ils deviennent agressifs. Cela demande autant d’attention que de veiller du lait sur le feu. Mais avec cette méthode, vous devriez obtenir votre tampon très rapidement sans rien débourser.
Côté Cambodgien
Une fois votre tampon chèrement négocié, marchez les 100 mètres de no man’s land pour atteindre le poste frontière cambodgien.
Un guichet se trouve un peu à l’écart de l’entrée du bâtiment principal.
A l’intérieur, une personne vous interpellera pour remplir une fiche médicale.
Et il vous en coûtera…2$.
Ce n’est encore rien de plus que du bakchich !
Passez votre chemin pour entrer dans le bâtiment principal.
Le douanier vous criera certainement dessus mais il ne fera rien de plus.
A noter cependant qu’une amie qui passait en même temps que moi s’est arrêtée, a rempli le formulaire et n’a rien déboursé.
Cela doit donc être selon la tête du client…
Une fois dans le poste frontière cambodgien proprement dit, à vous de remplir les formulaires de la demande de visa.
N’oubliez pas d’apporter une photo d’identité !
Dans le cas contraire, on vous fera payer encore quelques dollars de plus votre visa.
Une fois au guichet avec vos papiers remplis, vous êtes censé ne devoir payer que 30$.
Mais le douanier vous en demandera 35.
Si vous avez un bus à reprendre, je vous conseil de vous arrêtez là dans votre lutte et de payer cette somme, car la négociation pour éviter ce dernier bakchich peut prendre du temps…
Visa pour 30$
Vous êtes motivé ?
Vous avez du temps devant vous ?
Alors c’est parti pour le tourniquet final !
Pour obtenir le visa à son prix réel, je vous conseil donc de ne pas prendre le bus qui rejoint Nakasong au Cambodge, car vous risquez vraiment qu’il reparte sans vous.
Pour cela, il vous faut rejoindre le poste frontière par vos propres moyens.
Vous pouvez essayer la marche/stop, ou payer un tuk-tuk/mini bus local pour vous y rendre.
Comme cela, aucune pression au niveau du temps que vous allez mettre pour passer la frontière.
Une fois votre visa en poche, vous pouvez encore tenter du stop pour rejoindre une ville au Cambodge.
Des amis ont opté pour cette solution avec succès.
Ou vous pouvez essayer de trouver un service sur mesure.
Ainsi, des compagnies de transport se proposent de vous attendre à la frontière, puis de vous récupérer dans leur van pour vous déposer à votre Guesthouse à Siem Reap ou ailleurs. En exemple, citons la compagnie Asian Van Transfer.
Le stress de voir son bus repartir sans vous écarté, revenons à nos moutons !
Ainsi, Il vous faudra vous battre comme détaillé plus haut pour ne pas payer les 2$ pour le coup de tampon de sortie de territoire laotien, ainsi que les 2$ pour le formulaire médical.
Au guichet cambodgien, le douanier vous demandera sans sourciller 35$ au lieu des 30$ légaux.
La seule solution pour ne pas payer ces 5$ de bakchich est similaire à celle utilisée au poste frontière laotien : sortir une caméra.
Le douanier cambodgien sera plus dur à faire plier que son homologue laotien, mais à vous de ne pas vous laissez intimider, et à souffler le chaud et le froid.
C’est à dire, à utiliser votre caméra comme moyen de pression, mais ne jamais en abuser jusqu’au point de non retour.
C’est une partie d’échec les amis !
Tous les moyens sont bons.
Ces mêmes amis qui ont passé la frontière en stop se sont, par exemple, assis par terre en face du douanier, attendant qu’il change d’avis. Ils se sont aussi mis à danser, chanter, pour agacer les douaniers, tout en utilisant leur caméra par moment.
Bref, pour obtenir le visa pour 30$, il faut avoir du temps devant soi, être créatif et patient, mais c’est tout à fait réalisable. Et j’ajouterais sans danger. Nous ne sommes pas en Chine, vous ne risquez pas de finir en détention.
Conclusion
Vous avez maintenant toutes les clefs en main pour passer cette frontière de l’enfer au prix que vous souhaitez.
Comme vu dans cet article, la corruption règne des 2 côtés, et il faut se battre à tous les niveaux.
C’est une situation triste et regrettable…mais allez, avouons-le sans gène : ce honteux chemin du combattant est paradoxalement générateur de beaucoup de souvenirs et d’anecdotes !
Alors patience mes amis et bon courage aux prochains voyageurs !
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