Cela fait déjà quelques semaines que j’ai quitté Banff.
Sans vouloir me répéter, un passage obligé si vous passez dans l’Ouest Canadien !
J’en ai pris plein les yeux durant ces quelques mois sur place.
Et on peut dire que la fin fut un gros bouquet final !
Mon dernier week end fut d’ailleurs aussi un peu chargé : dîner dans un resto coréen entre copains le samedi soir, excursion le dimanche et quelques verres le soir même avec des collègues.
Excursion donc !
Voiture de location, et route plein nord pour admirer les coins les plus surréalistes dont seul l’Alberta a le secret.
Direction Columbia Icefield plus précisément. A mi-chemin entre Banff et Jasper, se trouve un glacier, d’une épaisseur plus grande que la Tour Eiffel (aux alentours de 365 mètres).
C’est un endroit très touristique, car on vous propose de monter sur le glacier à bord d’un truck conçu spécialement à cet effet. Quasiment chaque décennie a connu sa génération de truck, et les premières versions, que l’on peut apercevoir autour du bâtiment qui accueil le public, font vraiment pittoresques ! C’est un peu comme avoir en face de soi la première génération de ski et la plus récente, l’une à côté de l’autre.
Très touristique, beaucoup de monde, pour au final…rien de très palpitant.
Le trajet de quelques minutes dans l’énorme truck est, bien sur, sympa. Les 6 roues motrices sont énormes, l’habitacle est en grande partie vitré pour profiter au maximum du paysage, et l’inclinaison du terrain rend la promenade excitante.
Mais une fois là haut, l’excitation redescend.
Le truck vous dépose 10 minutes sur une surface plate sur le glacier, de la taille d’un parking d’un petit supermarché. La surface fait de toute façon très fortement penser à un parking, avec toutes les traces que laissent chaque jour les énormes pneus sur la glace…
Cette surface n’est de plus pas située de façon optimale.
C’est un renforcement, donc on ne voit pas vraiment la pente inférieure du glacier.
Idem pour la partie supérieure, la vue est assez bridée. Après coup c’est plus impressionnant au pied du glacier, où l’on peut vraiment avoir une vue d’ensemble et évaluer les échelles assez impressionnantes du lieu.
Pour le reste de la journée, nous avons juste profité de la voiture pour s’arrêter à tous les points de vues le long de la route.
Si on ne se limiterait pas on pourrait s’arrêter toutes les 5 minutes !
Et dans le même temps on fait des stops dans quelques lacs du coin.
Eaux turquoise, montagnes imposantes, forêts en embuscades. Le spectacle est toujours le même mais impossible de se lasser. Ce paysage est si hors norme, on pourrait croire que cela n’existe qu’en photo, que dans les livres, mais non, cela existe en vrai, et vous le vivez à 360°.
Clou de la journée, sur le chemin du retour, on a pu apercevoir des ours !
Une colonne de voiture sur le bas côté, voilà comment passe l’information.
Je jette un œil dehors, me dirige doucement vers le petit rassemblement de personnes, et…saperlipopette, c’est bien cela !
Ces maudits ours que j’avais ratés à Rossland, ratés depuis tout mon séjour sur Banff, les voici, enfin.
Je fait immédiatement demie-tour, cavale comme un lapin jusqu’à la voiture, et installe mon objectif 75/300mm en un temps record. Je reviens, les ours sont toujours là. Ouf.
Une femelle, 2 oursons, pas mal pour une première !
Après avoir pris 1000 photos et 1000 vidéos (10 selon les chiffres de la police), je laisse tomber mon Canon pour profiter de cette rencontre. Eux n’avaient que faire du public, plus occupés à s’alimenter d’herbes. Les oursons évidemment très choupis à regarder se mouvoir, de façon maladroites, le plus souvent.
La mère, toujours près d’eux, jamais menaçante. Mais ce n’est pas pour autant que j’irais lui faire la bise. Rencontre tellement improbable que j’aurais pu y rester des heures. Car même après plusieurs minutes, on a toujours du mal à se dire que ce qu’on a en face de soi, ce sont des ours, sauvages.
Mais bon, j’avais des bières qui m’attendaient quelques heures plus tard.
La nature c’est bien, l’alcool c’est mie… c’est bien aussi.
Je quitte Banff un lundi soir pour Vancouver.
Beaucoup de choses dans ma tête ces derniers jours, d’images, de souvenirs.
Beaucoup de choses qui vont me manquer. Mais je pense que j’en ai déjà pas mal parlé dans mes derniers posts 🙂
Départ en bus, bien évidemment. Et juste après avoir passé Lake Louise, malgré un début d’obscurité, je distingue une masse noire sur le bas côté.
Une voiture est arrêtée.
Pas de doute c’est un ours !
La loi des séries…
Et vu la taille de la bête, et la noirceur de son pelage, je parierais que c’était un grizzli.
Notre car s’immobilise également, fait une petite marche arrière, mais elle n’est pas assez suffisante pour moi. L’ours est dans un angle mort, à droite derrière le bus. J’en avais vu la veille, je n’ai pas fait de scandale.
Dans le cas contraire j’aurais sûrement casser une vitre.
Ou sûrement pris le chauffeur en otage. Voir brûler le bus.
Ou alors peut être rien de tout cela.
Le bus repart, et dévale les Canadian Rockies toute la soirée, toute la nuit.
Je les observe. Avec humilité. Et envie.
Vous avez des mouchoirs ?
Vancouver….so, we meet again ?!
Deux sentiments dominent à ce moment précis.
Le premier est le plaisir de se (re)(re)retrouver dans cette ville, que je connais par cœur.
Je ne me sens vraiment pas touriste lorsque je parcours le downtown.
Je me tiens droit, fier, conquérant, et snobe ces personnes qui se battent avec un plan de la ville. Mais les aide volontiers s’ils me sollicitent. Oui ne dites rien, je suis trop bon, trop humble, ça me perdra.
Le second sentiment est une grosse nostalgie.
Elle m’avait plutôt laissé tranquille jusqu’à lors, mais le fait de se retrouver ici, quasiment un an jour pour jour après mon arrivé, ça ne pouvais qu’être le théâtre à une remonté de souvenirs.
J’ai poussé le vice jusqu’à réserver deux nuits dans le même hostel où j’avais débarqué. Aussi bien pour boucler la boucle d’une certaine manière, que parce que j’aime son emplacement.
Burnaby street, un quartier très pavillonnaire, très vert et très tranquille.
Et à seulement quelques blocks du downtown qui bouge.
Je profite de ces deux jours pour régler des histoires de banque, de sacs et de repérages de Seattle. Après moult demandes, j’ai enfin réussi à trouver un couchsurfer disponible pour m’y héberger. Mais pas pour la première nuit de mon arrivée. La veille je vérifie sur Internet, tous les hostels semblent pleins. Bon pas grave, on verra sur place !
Jeudi 20 juin, c’est parti, me voilà dans mon bus pour Seattle.
Visa check, assurance check, billet d’avion retour check, preuve de fonds suffisants check.
Avec tous cela je pensais passer la frontière sans trop de problème.
Ah…ha… I have never been so wrong.
Tout commençait si bien pourtant !
Le chauffeur du bus est un afro américain d’une quarantaine d’années, et comment cela est visible sur son apparence, mais encore plus par son accent. Un pur accent afro américain, qui transpire les States à lui tout seul. Et je ne sais pas pourquoi mais j’adore cet accent. C’est exactement comme dans les films, comme dans les séries tv. Je n’étais pas encore arrivé que déjà j’étais dans l’ambiance.
Arrivé au poste frontière, on doit prendre tous nos bagages, et avoir préalablement remplis le fameux papier où vous affirmez ne pas avoir été un nazi durant la dernière guerre mondiale.
J’entre dans le bâtiment, trois douaniers et une file d’attente d’une dizaine de personnes m’attendent.
Le lieu est assez neutre, voir plutôt austère. Silence de mort et sourire au rabais chez les personnes qui m’entourent. Tout cela commence à me faire un peu trop gamberger…
Arrive mon tour.
Le spectacle peut commencer.
Sortez les briquets.
Je me rend soudainement compte de ma nervosité à l’écoute de ma voix pas très assurée.
Je me dis génial, c’est vraiment le moment.
Le douanier prend mon passeport, me pose quelques questions bateaux. Puis je dois lui indiquer que je veux rester aux US jusqu’en août. Et c’est là qu’il m’annonce que non, je ne pourrais rester que jusqu’au 4 juillet.
Pour résumer, j’ai passé 4 jours à New York en avril. En tant que touriste français, on a le droit de rester sur le sol américain 90 jours. Je pensais donc qu’il me restait 86 jours, étant reparti au Canada entre temps, mais non, le douanier n’en a eu que faire, il m’a signé une sortie de territoire pour le 4 juillet, soit 90 jours après mon arrivé à New York.
Là c’est un peu comme recevoir un coup de poing dans le thorax et d’avoir la respiration coupé quelques secondes. … mais qu’est-ce qu’il me raconte lui ?!
Je lui explique bien ma situation, que j’avais quitté les US après 4 jours, mais rien n’y fait, pour lui le décompte des 90 jours commence en avril, et il n’y a pas d’interruption possible. J’avais lu préalablement plusieurs témoignages à ce sujet, mais ça reste un peu le triangle des Bermudes, je n’ai jamais trouvé une réponse totalement affirmative.
Plus le temps passe, plus je sens que je suis face à un mur, et plus je soupir, et ne peux m’empêcher de murmurer des « serioulsy », des « what the »…
Ca commence à agacer le douanier, qui me sort un « you knew the rules. If you knew the rules there are no tricks ». Totalement exaspéré, je le fixe du regard, avec ma tête des mauvais jours. Je peux me retenir de lui sauter dessus, mais impossible de quitter son regard. Et ça dure bien 5 secondes, avant qu’il me ressorte la même phrase plusieurs fois : « if you knew the rules they are no tricks. You knew the rules, right ? You knew the rules ? ».
Il est temps pour moi de pousser mon pion d’une case, et lui sort donc un « ok I probably did a mistake », qui m’écorche vraiment la gorge.
Que faire, rentrer au Canada ou passer la frontière, au risque de devoir la repasser dans 15 jours ?
Ayant booké pas mal de trajets en bus sur place, je décide d’entrer aux US en espérant pouvoir y résoudre mon problème.
Le chemin fut long pour y arriver, mais on verra cela dans le prochain post.
Laisser un commentaire