Banff Life – #22 – 2013
Samedi soir, deuxième jour où je reste au chaud, dû à une espèce de grippe. Quand ces lignes seront…en ligne, ça devrait aller mieux. Du moins je l’espère !
Ma première chambre au Banff International Hostel était au RDC, ma deuxième sera au second étage (et ma troisième encore un étage au-dessus mais ne brûlons pas les étapes).
11h, nous sommes le 31, encore pas très frais de la veille, je me motive quand même à bouger mes affaires dans ma nouvelle chambre. Je n’avais pu réserver que 3 nuits dans la même, ensuite elle était réservée. Je passe d’une chambre de 4 à une chambre de 6, et mixte !
Un couple est à l’étage, en bas on se partage les 4 lits restants. Que des anglophones, et il a fallu plusieurs jours pour briser la glace.
A plus forte raison que pour le 31 chacun avait ses plans et ne passait qu’en coup de vent dans la chambrée. Et moi pour mon 31, quoi de prévu ? Ayant bien profité voir abusé la nuit précédente, j’aspirais plus à une soirée tranquille. Et ça tombait bien, les autres aussi.
La fine équipe que j’ai détaillée dans mon dernier billet se rejoint à 22h, et je suis cordialement invité. Un petit saut chez Marvin, puis peu avant minuit, on se dirige tous sur Banff Avenue, la rue principale de Banff, pour assister au feu d’artifice. Et nous ne sommes pas les seuls !
Atmosphère électrique de soirée du nouvel an, ça bouge de tous les côtés et on sent vraiment une excitation et une liesse générale. Malgré le froid. Certains le défiant plus que d’autres, en atteste 3 gars qui ont couru nues dans la rue, et qui ont fait évidemment leur effet.
Ils ont été malheureusement un peu trop gourmands. A leur deuxième passage, l’un d’entre eux se fera accoster par la police, prié de mettre un slip, puis tout simplement arrêté ! Mais ce n’est pas la seule arrestation dont je vais assister ce soir-là.
Arrive minuit, la foule exulte, le feu d’artifice commence.
Les embrassades n’en finissent pas, et il est l’heure pour certains, comme pour nous, de déboucher le champagne ! Très bonne initiative de Marvin, rien de mieux pour commencer l’année que quelques gorgées de cette douce boisson pétillante. Et…si française ! 🙂
On reste jusqu’à la fin du feu d’artifice, puis le groupe commence à se séparer. On se retrouve à 4 devant l’hostel, puis on tombe sur le night auditor, un québécois (oui alors faisons une parenthèse tout de suite, pas loin de 40% des gens que je rencontre à Banff sont québécois, c’est hallucinant). On papote un peu, et on apprend qu’il y a quelques sandwiches restants de la soirée du lobby. En effet pour ceux qui voulaient passer un réveillon calme, ils pouvaient se réunir au front desk, où les attendaient boissons et sandwiches. Ca n’a évidemment pas rencontré grand succès, mais tant mieux pour nous, car il restait vraiment beaucoup à manger ! Pour quelqu’un comme moi qui limite un peu son alimentation, c’était une aubaine.
Un peu de temps passe, on ne se retrouve plus que moi et Jeff, et un jeune couple (brésilien ?).
C’est alors que 3 mecs passablement alcoolisés rentrent dans le lobby, puis très rapidement 2 s’en iront. Le dernier larron marche difficilement, les yeux vides. Notre cher night auditor lui demande s’il a une chambre ici. Non. Où loges t-il ? Là une réponse incompréhensible. Il le dirige vers un siège, puis appel la police pour qu’ils s’en occupent. Durant ce temps, notre joyeux luron c’est complètement avachi, et endormi comme une…oui c’est ça, comme une merde.
La police arrive 5 minutes plus tard.
Et là ça se passe très vite !
Ils réveillent le gus, s’aperçoivent qu’ils ne peuvent rien en tirer. Arrive donc la sentence : « you are under arrest ». Comme ça, cache, comme dans un film, sauf que là ça n’en était pas un !
Cette petite phrase aura fait notre soirée avec le couple brésilien.
Juste après qu’elle soit prononcée on s’est regardé, interloqué, puis on commença à en rire, tellement ça nous rappelle du cinéma.
Quelques jours plus tard, j’obtiens un entretien d’embauche chez Tim Hortons. C’est une chaine de magasin qui se rapproche de Starbucks mais avec ses spécificités propres. J’aurais donc à faire du café et à prendre les commandes à la caisse. J’étais assez surpris d’obtenir un entretien, car Anne Cé m’avait dit en blaguant qu’il n’y a que des asiatiques qui y bossent, et en postulant sur place la semaine passée effectivement je n’avais pas ressenti un enthousiasme fou de l’équipe. J’avais donc rempli leur formulaire d’embauche un peu à l’arrache, sans trop d’espoir. Car quasiment chaque semaine ils publient la même proposition d’emploi sur internet, à se demander s’ils embauchent vraiment des gens.
Mercredi 2 janvier, 14h, nous y voilà donc pour mon second entretien depuis mon arrivée sur Banff. Là je retombe sur un job interview classique, où tout est faussement bonne camaraderie. Mais bon, au jeu de l’hypocrisie des bons sentiments et des sourires faussement naturels, je commence à être un client.
Bons échanges, et je comprends très vite que « mon plan » a fonctionné.
Ce boulot exigeant du customer service, j’avais indiqué en première ligne d’expérience sur mon resume mon travail d’assistant boulanger, où j’ai justement dû faire un peu de service à la clientèle. Mais bien sur tout l’art vient du fait de ne pas mentionner ce « un peu ».
C’est donc cette ligne qui intéresse particulièrement mon interlocuteur, et qui m’a sûrement valu d’avoir cet entretien. Bon là pour le coup, je ne suis pas superman non plus, je patine un peu pour lui narrer mon expérience en boulangerie, mais j’arrive à rester crédible et à garder le sourire, ce qui est l’essentiel. Si vous commencez à devenir blanc, à regarder le fond de vos chaussettes et à perdre le smile, vous êtes mort.
Donc au final ça ne se passe pas trop mal, et le manager me dit de passer le lendemain matin, car dans la soirée il présentera à son supérieur les personnes qu’il estime compétentes pour le job (il y a avait 3 postes à pourvoir).
Ce qui pour moi raisonnais un peu favorablement, plus j’y réfléchissais. Car s’il aurait pensé que je ne faisais pas l’affaire, il aurait été bien plus simple de me dire « on vous rappellera ». Pourquoi me faire déplacer le lendemain ? Ça sentait donc plutôt bon, mais il faut toujours rester sur la défensive. Une quenelle est vite arrivée.
Tuons le suspens dans l’œuf, je me pointe le lendemain, j’ai le job, je commence le lundi suivant, le 7 donc. Alors la vieille peau, tu vois comment je le gère le challenge moi !
Bon après ce n’est pas non plus le top job sur Banff. Car Tim Hortons ne dispose pas de staff accommodation, et n’offrent pas non plus de réductions pour le ski pass.
Qu’à cela ne tienne, il me faut bien un boulot pour vivre sur place. C’est un full time, payé 12$ de l’heure, ce qui fera de beaux petits chèques. Je cherche donc bien évidemment toujours à côté un autre boulot, qui pourrait m’apporter plus d’avantages.
Quelques jours à tuer avant mon premier jour de taf, que faire ?
Pourquoi pas un peu de patin sur glace !
Je me laisse convaincre par Alice, même si je sais qu’il y a peu de chance que je prenne du plaisir. A plus forte raison que dans la patinoire naturelle à ciel ouvert où l’on se rend, il n’y a pas de rambarde ! Donc pour les quiches comme moi qui n’en ont fait qu’une fois par le passé ça relève tout de suite le niveau.
Je ne suis tombé que 3 fois durant l’heure de patinage, au début, mais ça reste une pratique qui n’est pas pour moi. On peut apprendre le ski tard car tous ce que l’on a à apprendre, c’est de freiner. Pour avancer, on se laisser glisser. Le patin non, pour avancer il faut être actif, c’est à vous de faire le mouvement. Il faut une confiance aveugle pour réussir à se lâcher. Confiance que l’on peut obtenir que durant son enfance, période où l’on veut tout apprendre et tout faire, qu’importe si on se fait mal.
Mais cela reste rageant, car durant de brefs instants je sens que j’ai le bon mouvement, la bonne glisse, le bon feeling, mais à ce moment-là on perd toute sérénité. On se met à visualiser que l’on glisse sur de la glace avec seulement 2 fines lames. 2 très fines lames… Ma conscience d’adulte freine donc rapidement toutes mes ardeurs. En plus que tomber sur de la glace c’est quand même moins délicat que de tomber sur de la neige. Donc allez vous lâcher dans ces conditions !
J’avais en plus prodigieusement froid durant cette petite heure.
N’étant pas encore super équipé pour passer plus d’une demi-heure dehors.
Mais ça se règle petit à petit !
Comme dit plus haut, il a fallu plusieurs jours pour que la glace se brise avec mes nouveaux compagnons de chambré. Juste assez de jours pour qu’ils arrivent à la fin de leur séjour !
Il ne restait plus que moi et le couple qui est à l’étage. 2 jours plus tard, une nouvelle personne débarque, qui n’est autre qu’un…québécois.
39 ans, situation sentimentale difficile, il s’est pris un mois de vacance pour skier et s’aérer l’esprit.
Encore une fois, je me répète, mais cette variété de rencontres que je connais depuis mon arrivée, avec des gens ayant des parcours totalement différents, est très enrichissant. J’aime à croire que cela nourri l’esprit.
On se décide pour bouger tous les 2 le soir de son arrivée. Je l’emmène donc dans un bar où l’on pourra faire un peu de billard. Car à la base, c’était cela le but de la soirée, se faire un billard tranquille. Mais cette dernière a totalement dérivée pour devenir une soirée bien random, comme ils disent ici !
Première phase, billard pépère. On finira par faire un double avec 2 autres gars. Tout ce beau monde dont mon québécois Louis P, touchaient assez bien à ce jeu. Je n’avais donc pas trop envie de foutre sa partie en l’air ! Et bon, ça a été, j’ai réussi à sortir un billard pas trop mauvais, et on finit par gagner 3 manches à une.
Ensuite la galère pour trouver un autre bar. Il y en a un certain nombre à Banff, ce n’est pas le problème, mais ils ne sont pas tous super visible. Certains étant même complètement isolés au milieu d’un mall vide. La vie commerçante étant assez étrange à Banff. Il n’y a évidemment pas la place d’avoir de grands centres commerciaux, donc il y en a plusieurs très petits sur la rue principale, Banff Avenue. Il faut pousser une porte plutôt anodine, et hop, vous tombez dans un mini mall, avec plusieurs magasins/restaus/bars à l’intérieur, et même parfois sur plusieurs niveaux.
Bref, on fait des tours et des détours, on rentre dans un bar qui s’avérera une boite de nuit, où avant d’entrer ils prennent une photo de vous par le biais d’un système informatique. Le truc très serious business ! Mais vu que c’était 10$ l’entrée et que nous on voulait juste s’envoyer quelques bières, on fait machine arrière.
Juste à côté on tombe enfin sur un pub.
Avec bornes d’arcades et fléchettes.
J’avais failli en faire avec Mary à Vancouver mais ça n’avait pas pu se faire, là c’est la bonne, me voici parti pour mon apprentissage des fléchettes !
Et bien je ne suis pas trop une quiche, malgré mes quelques verres au compteur.
Je serais même le premier à atteindre la cible rouge centrale. Beau moment de win !
La soirée avance, les verres se vident, le bar se déserte également. C’est à partir de là que le random commence. Moins de personnes dans le bar mais étrangement les contacts se font plus nombreux. Un Canadien anglophone, mais dont un des parents est québécois, commence à nous taper la discute, en mi-anglais mi-français, avec un accent anglais bizarre lorsqu’il parle français, et un accent bizarre français lorsqu’il parle anglais.
Comme toutes les rencontres tardives, ça devient vite du n’importe quoi 😀
Il nous évoque son boulot dans les mines, où il gâche sa santé mais où il fait ce sacrifice pour se faire pas mal d’argent. Ensuite on bascule sur les relations Canada / Québec. Puis sur les taxis parisiens, puis sur d’autres choses, qui n’avaient pas plus de sens, mais toujours dit avec son ton sérieux. Le ton sérieux que l’on a après quelques chopines, et qui fait que même le sujet le plus futile peut être source de débat.
Ensuite c’est le tour d’une canadienne de nous rejoindre, ainsi qu’une autre, pour niaiser un peu sur les francophones. Je participe un peu et regarde en même temps tout cela avec un regard extérieur, souriant et me demandant encore comment une soirée qui se voulait tranquille m’amène ici à rencontrer ces gens. De longues tirades, des pauses wc/cigarettes, encore des verres vidés de leur précieux liquide doré, seulement habillés maintenant d’une fine robe de mousse blanche. Il est temps de se rendre à l’évidence, il commence à se faire tard.
Nous mettons donc le nez dehors, et après toute cette bière il n’y a qu’une chose dont j’ai envie…manger ! A 2 pas du bar se trouve le macdo. Bien que cela ne soit pas la tasse de thé de LP, nous voici rentré dans le restaurant du diable pour étancher un peu l’alcool avec du burger. A 2h du matin.
A 2h du matin, comme n’importe quelle fin de soirée en ville. Et tout naturellement, le macdo est rempli de fêtards, comme si je me trouvais à Vancouver ou à Paris. Sauf qu’ici c’est Banff, qu’il n’y a qu’une rue principale, et qu’il fait -15 degrés dehors.
Le décalage est assez stupéfiant. La vie nocturne est définitivement présente partout. Elle est un peu comme la vie tout court, qui même dans le fond des océans, sans lumière, parvient quand même à exister. Quelques bars, une boite de nuit au fin fond du monde, vous y trouverez un éco système de fêtard comme n’importe où ailleurs.
J’y rencontre exactement les mêmes types de personnes que dans les fast food de Granville Street à Vancouver, ou que dans n’importe quelle autre ville. Des gens passablement éméchés, des clubbeurs, des sdf, etc… Niveau anthropologie, c’était encore très intéressant de réaliser ça de ses yeux. Ce macdo fait si familial en journée !
Ensuite fin, fin de soirée, on prend le chemin du retour pour l’auberge. A quelques centaines de mètres de l’arrivée, LP accoste un groupe composé de deux gars et une fille.
Après une tentative ratée d’humour scatologique avec cette dernière, je me dis que ça suffit, cette soirée random a assez durée !
On se quitte donc, pour aller voir Morphée, qui ne fut pas trop longue à me tendre ses bras.
Le lendemain, je suis LP qui va visiter Lake Louise avec son char.
Le trajet fut vraiment dépaysant une fois de plus. A plusieurs titres.
En premier lieu évidemment c’est le fait d’être sur une route qui coupe un parc somptueux, avec une chaine de montagne qui vous fait tourner la tête.
En second, c’est la route en elle-même. Mon conducteur est québécois, donc lui a l’habitude, mais pour moi c’était vraiment nouveau. D’avoir par exemple 2 voies pour vous, celle de droite déneigée, mais que celle de gauche soit totalement gelée et enneigée. Pour doubler il faut donc passer sur cette voie. L’air de rien, normal, où est le problème !
Ensuite j’ai été hypnotisé par un spectacle qui se jouait sur le bitume. Avec le froid, la neige et le vent, de la « poussière de neige » qui ressemblait plus à de la vapeur traversait la route de part en part. Une fine couche de neige léchait le bitume, continuellement, dans toutes les directions. Cela donnait quelque chose d’à la fois féerique et perturbant. Comme je m’en veux de ne pas avoir apporté mon appareil photo réflex, j’aurais trop voulu faire une petite vidéo. J’espère que l’occasion se représentera.
On m’avait prévenu que la ville de Lake Louise était vraiment ridiculement petite et qu’il n’y a rien à y faire, et bien comme cela est vrai ! Le village est juste constitué de quelques commerces et d’un centre d’accueil pour les visiteurs. Vous croisez sinon sur la route quelques hôtels, totalement isolés mais qui ont leur charme perdus au milieu de la neige.
Mais bon nous ne sommes pas là pour cela, nous sommes ici pour voir Lake Louise, le Lac Louise donc. Au pied de ce lac il y a un immense hôtel, le Fairmont Château Lake Louise, dont la construction remonte à 1890. Lui aussi vaut le coup d’œil.
Le lac est long de 2,4 km et large de 1,2 km, mais ça ne fait pas trop impression durant l’hiver, car il est totalement gelé. La météo étant assez brumeuse ce jour-là, le gris et les nuages bas masquaient la profondeur du lac. Durant l’été cela doit être très différent et plus impressionnant. Mais ça reste quelque chose à voir, toute cette étendu glacée, qui se perd au loin dans la brume, bordée par des montagnes.
Quelques jours plus tard, premier jour de boulot à Tim Hortons, mais on verra cela dans le prochain billet finalement 🙂
Il est jeudi soir, je fini ce billet, et ma petite santé va mieux depuis 2 jours, plus de fièvre plus de frisson. Une bonne chose !
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