Into The White – #21 – 2012
Après une bonne première nuit à Banff, c’est reparti pour une journée de découverte.
J’avais réservé pour 2 nuits à l’auberge de jeunesse où j’étais. Je ne pouvais pas plus car ils étaient pleins pour le reste de la semaine. Je vais donc devoir me trouver un toit pour le lendemain soir.
Je prends le bus, direction le downtown et son Starbucks.
J’y vais plus pour le wifi que pour le café. Le réseau wifi de l’auberge étant assez mauvais.
Je scrute les annonces de job, note quelques adresses où aller déposer mon resume.
Et en parallèle je donne rendez-vous à Anne Céline, une française vivant à Banff, que j’ai connu via le site pvtiste.net.
Après un café, on décolle et elle me fait une petite visite guidée de la ville, en me montrant les bons plans, comme les magasins de secondes mains. Ces derniers ont vraiment un éventail large, et on peut y trouver des articles de bonnes qualités pour pas très cher, genre des chaussures de ski pour 60$.
Quelques jours plus tard je m’y suis d’ailleurs acheté des chaussures de randonnée. Car autant pour marcher dans la neige que pour avoir chaud aux pieds, mes simples baskets/Vans ne faisaient clairement pas l’affaire ! J’en ai trouvé une paire en bon état, un poil trop grande pour moi (c’est du 44 or que moi j’oscille entre le 40/42). Mais je sens une réelle différence, et pour les longues marches, avec l’option double chaussettes, je suis parfaitement calé.
Ma guide du jour m’emmène quelques pas à la limite de la ville, où se trouve une rivière, qui est totalement gelée durant l’hiver. On peut donc marcher dessus sans problème, et des motoneiges y passent également au vue des traces présentes. Un peu plus en aval il y a même une patinoire improvisée. Elle consiste juste en un grand ovale, qui a une largeur d’environ 3 mètres. J’envie les personnes qui savent patiner, car cela doit être un vrai régal !
Anne Céline est assez réceptive à mon ironie et à mes sarcasmes, je m’en donne donc à cœur joie. Ayant plutôt recherché à limiter les contacts francophones à Vancouver, là je ressentais un certain bien être de pouvoir balancer toutes les conneries qui me passaient par la tête avec la simplicité d’utiliser ma langue maternelle.
Et toujours cette nature si présente, si époustouflante et si vivante.
Car Banff n’est pas vraiment une station de ski. C’est juste une ville proche d’une station de ski, le Sunshine Village. Banff, c’est surtout à la base un parc national protégé, et une petite ville au milieu qui a pris ce nom. Au milieu d’un parc, la nature est donc très présente, par les montagnes, les forêts et la faune. Il n’est donc pas rare de croiser en ville, près de votre hôtel, des chevreuils. Les écureuils et toutes sortes de rongeurs y ont aussi demeure. Et grâce à la neige, on peut très vite avoir le tournis en voyant toutes les minis traces de pas qu’ils laissent sur leur passage.
Plus rare, mais aussi présents, même si je n’en ai pas encore vu, ce sont les loups qui sont aussi de la partie. Ils ne sont pas en centre-ville, ne se baladent pas à plusieurs comme les chevreuils, mais j’ai pu entendre plusieurs personnes me raconter en avoir vue à la sortie de la ville, à la lisière de la forêt.
Sur les conseils d’Anne Cé, je réserve plusieurs nuits au Banff International Hostel, une auberge de jeunesse bien tenue, et plus proche du downtown que l’autre. Mais qui surtout a des chambres de libres pour moi !
Arrive donc ma dernière nuit au HI Banff Hostel.
Une nuit qui fut beaucoup plus agitée que la première.
Je ne suis plus seul, j’ai 3 personnes avec moi. Un iranien avec qui je n’ai pas vraiment eu l’occasion de parler, comme son ami qui l’accompagne. Le troisième est un américain, qui s’est pris un an de congé sans solde pour voyager un peu partout. Bon esprit, on a une discussion sympa.
Arrive la nuit, où je n’arrive pas trop à trouver le sommeil. Une journée pas assez crevante, je n’en sais rien. Mais ça n’ira pas en s’améliorant. Première étape, au milieu de la nuit, j’entends quelqu’un uriner dans la chambre. J’étais sur le lit du dessus, et je n’arrivais pas à distinguer si c’était sur la moquette ou dans une bouteille. J’avais juste peur que le coupable en renverse sur mon sac…Plus j’écoute, plus je me dis que cela doit être dans une bouteille. Soit. Pourquoi pas…
Deuxième étape, encore plus tard dans la nuit, sur les coups de 5h du matin je dirais, l’iranien et son ami préparent leurs paquetages pour quitter la chambre, et font de sacrés allés-viens. Ce qui m’étonnais assez, car j’avais cru comprendre qu’ils restaient 2 nuits. Là encore je crains pour mon sac, parce qu’ils fouillent, tris et re-tris leurs affaires, à ne plus savoir ce qu’ils font. Même si je me dis que je psychote, je ne peux m’empêcher de garder un œil ouvert.
Au réveil, pas de soucis, tout est là. De toute façon mon matos était dans un casier fermé. Je croise l’américain dans la matinée, tout peunot. Il m’avouera que c’est lui qui a uriné durant la nuit, et c’était bien sur la moquette, au coin de la chambre. Il avait bu plusieurs bières mais il ne pensait pas être tant bourré que ça. Ce qui est bizarre, et en même temps heureusement pour moi, c’est qu’à aucun moment il n’y a eu une odeur d’urine dans la chambre.
Mais bon, pauvre gars, il me parait assez sincère dans ses excuses, et il est allé signaler sa bêtise au front desk, qui lui a bien évidemment fait payer des frais supplémentaires. Nuit particulière donc… Mais mon chemin de croix va continuer encore quelques instants, avant d’enfin retrouver un peu de tranquillité.
A mon tour de quitter la chambre, de faire mes sacs. Je prends le bus direction le downtown, et fait le reste du chemin qui me sépare de mon nouvel hostel à pied. L’ayant fait hier, ce n’était pas trop loin. Mais je n’étais pas chargé…
Dans mon malheur d’avoir perdu quelque temps un de mes bagages, le positif fut que j’ai pu transporter mes bagages un par un. Là j’avais tout sur moi, valise à tirer, sac à dos et pc portable. Ce petit cocktail a clairement pris un peu d’embonpoint depuis juin, car là les 10 minutes de marches furent juste interminables ! Le sac à dos qui vous bousille justement le dos, tout en gênant votre respiration. Tout ça en devant tirer la valise, et jongler avec le pc portable qui gigote devant vous…sur la neige. J’en ai souvent chié de la sorte mais là cette fois-là remporte largement le prix Goncourt.
Je ne peux accéder à ma chambre qu’à 16h, soit, je dépose mes affaires à la loge et direction le centre-ville, pour une nouvelle visite avec Anne Cé. La mission du jour fut de m’acheter des gants. 5 magasins, 30 minutes plus tard, je trouve enfin mon bonheur. A ce rythme-là, si jamais je m’achète des skis, je vais devoir poser ma journée.
Durant le déjeuner, on en vient à parler de quelques incohérences entre nos envois de textos, et les heures de rendez-vous que l’on se fixe. Et pour cause.
On s’aperçoit très vite du problème. 2 jours que je suis à Banff, 2 jours où je vis avec une heure de moins ! J’avais pas du tout capté qu’il y avait un changement d’heure entre B.C et l’Alberta. Heureusement que je m’en suis aperçu à ce moment-là, avant d’obtenir mes premiers entretiens d’embauches.
Fin d’après-midi, je peux accéder à ma chambre.
2 Canadiens, dont 1 québécois y sont présents.
L’anglophone est cuisinier dans un restaurant à Banff, le dernier lui, Jeff, travail dans les travaux et aussi sur les mines/plateformes offshore.
Il est à l’auberge depuis 2 mois, ayant travaillé un petit peu à Canmore, ville à 20 minutes en voiture de Banff. Il est donc super installé dans « sa chambre », avec sa télévision et sa playstation. Ajoutez à cela que chaque chambre dispose d’un réfrigérateur, je me sentais plus en coloc qu’en auberge de jeunesse par moment !
Un type simple, mais très sympa. J’ai passé 3 nuits dans cette chambre, et c’était plutôt l’éclate. Il était vraiment très intéressé par la gastronomie française, mais ça on en reviendra plus tard !
Car côté emploi, ça bouge. Je postule bien évidemment à tout et n’importe quoi depuis mon arrivée, et je reçois enfin une réponse. J’avais postulé pour cuisinier dans un hôtel, mais la manager m’indique par email que le poste vient juste d’être pris, mais qu’une position de housekeeping (femme de ménage) est dispo. Non pas à Banff, mais dans leur hôtel à Lake Louise (30 minutes en voiture à l’ouest de Banff). Vu que j’aurais été logé gratuitement, ça m’intéressais.
On s’accorde donc pour un entretien. Et ce jour-là, Jeff avait besoin de moi pour faire ses courses à Canmore. Il me dépose donc à l’hôtel où j’ai mon entretien. Cela m’évite de prendre le bus ! Car l’hôtel est proche du HI où j’ai passé mes premières nuits, donc assez décalé du downtown.
Les entretiens sont en général très cordiaux au Canada, même si le business n’est jamais loin.
Cette fois ci j’ai eu droit à un entretien des plus rigoureux, avec une interlocutrice un peu froide. Du moins qui avait un boulot à faire et qui l’effectué comme n’importe quelle autre tâche.
Pas de soucis majeur, mais ça débouche sur du négatif, vu qu’ils recherchent quelqu’un pour janvier jusqu’à octobre. Et moi je lui ai clairement dit que je recherche pour du court terme. Et elle a fait la blague de me dire qu’ils forment leur personnel durant 3 mois. Donc pour du court terme ce n’est pas possible. 3 mois de formation. Pour du housekeeping. T’es sérieuse la vieille peau ?!
Elle me donne ensuite quelques infos sur le marché du travail sur Banff, les boites où postuler. Et finit par me dire que ça sera un challenge pour moi de trouver du taf de courte durée, car c’est un peu plus calme à partir de janvier me dit-elle. Pas de problème, le challenge, je suis là pour ça !
Je rejoins mon ptit Jeff, qui donc avait besoin de mes conseils de français, car disposant d’un appareil à raclette, il voulait s’en faire une, à la française. Car évidemment ça varie de région en région, de pays en pays. Et pour lui sa façon de faire ça ressemble plus juste à une pierrade avec du fromage fondu, car ils y mettent le type de viandes qu’ils veulent, de légumes, et les patates sont gratinées sur la plaque chaude. Il était vraiment surpris que par chez moi, la préparation des patates ça se limite juste à les faire cuire à l’eau. Pas d’assaisonnement, pas de gratinage !
On achète donc charcuterie, fromage (en meule et pas prédécoupé, une grande nouveauté pour lui encore), et vu qu’il est amateur de vin j’ai dû aussi lui en conseiller. Bref, on se retrouve à l’appartement, et le soir venu on met le plan à exécution. Raclette, dans la chambre, dans la pièce lavabo, entre les chambres et la pièce douche. Avec la fenêtre ouverte pour éviter les odeurs. Du grand n’importe quoi 😀
A l’auberge on dispose bien sûr d’une cuisine commune au lobby, mais mon québécois à un petit côté ours par moment, il préfère manger dans la chambre. Moi je trouvais l’idée tellement what the fuck que je voulais absolument voir ce délire se réaliser !
Le plan de travail du lavabo complètement occupé, entre l’appareil à raclette, nos assiettes, la bouffe et les bouteilles de vin rouges. C’était complètement foufou mais c’était à faire ! Sinon j’avais pas aussi bien mangé depuis un ptit bout de temps, en particulier depuis mon arrivée sur Banff. Jeff se régale aussi, même s’il ne peut s’empêcher de faire revenir sa viande et ses patates sur la plaque chaude. On ne se refait pas…
Durant la soirée, nous sommes rejoints par Alice (française) et Marvin (taïwanais).
Deux amis d’Anne Cé.
Alice, avec qui elle a voyagé un peu partout au Canada.
Maintenant accrochez-vous.
Cette dernière est housekeeper dans un hôtel à Banff, où Anne y est réceptionniste. Marvin bosse à la réception de mon auberge de jeunesse. Auberge de jeunesse qui est tenu par le même propriétaire que l’hôtel où bossent ces 2 françaises. Tous ont séjourné à mon auberge, voir travaillé, ou y travail toujours, c’est donc un peu le point de chute.
C’est un petit monde où tout le monde se connait. Un milieu nouveau pour moi, mais que j’ai plaisir à découvrir. On se bouge tous les 4 dans un pub pour rejoindre Anne Cé et un jeune allemand dont je n’ai plus le nom en tête. Jeune allemand qui ? Qui est night auditor (réceptionniste de nuit) à mon auberge ! Je vous l’ai dit, c’est un petit milieu.
Je remercie la raclette que j’ai mangé qui m’a bien remplie le ventre, et par conséquent a été une fidèle alliée pour éponger tous les verres de cette soirée. Entre les 2 bouteilles de vin rouge que l’on a pris en mangeant avec Jeff, et les quelques bières et shots au pub, j’aurais pu être dans un bien plus triste état que je ne l’étais !
Avec 2 courageux, je finis la soirée dans un night club. C’est encore quelque chose de spécial à vivre, car tout le monde est habillé chaudement, donc c’est un peu la foire pour trouver de la place pour ses vêtements. On les entasse tous dans un coin, et c’est un peu au petit bonheur la chance de pouvoir les retrouver en sortant.
Sinon l’avantage d’avoir quelques verres dans le nez, c’est que l’on ne ressent plus le froid.
Une fois sorti de boite, je n’ai pas greloté durant tout le chemin du retour. Grandiose au vue de la température.
Le lendemain comme prévu durant la réservation je dois changer de chambre car mon lit était réservé. Nouvelle chambre, nouvelles personnes à connaitre, jour de l’an et premier boulot dans le prochain billet ! Oui je fais des teaser maintenant. Soyons mégalo.
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