The Day After Tomorrow – #21 – 2012
N’ayant pas tout le monde sur facebook, je me dois de faire un petit post pour donner signe de vie.
Si tant est que cela intéresse du monde !
Noël c’est bien passé, avec Mary dans son petit appart de la banlieue est de Vancouver.
Elle avait tenté de faire un plat, qu’on a épicé et arrangé tous les 2 lorsqu’il était encore dans la casserole. Mais une fois dans l’assiette il s’est passé un truc très bizarre, le plat avait un énorme goût de moutarde, or que juste avant dans la casserole ce n’était pas le cas.
Mary toute confuse, me propose donc de m’emmener dans un restaurant japonais proche de chez elle, qu’elle devait me montrer depuis un moment mais l’occasion ne c’était jamais montrée. Cette fois ci c’est la bonne !
C’est sur Commercial Drive, tout près de la station de SkyTrain, et elle ne m’a pas menti, c’est sacrément bon. J’ai pris des rolls au crabe, mais les pièces sont juste gigantesques, impossible d’en mettre une entière dans la bouche !
Ensuite déballage des cadeaux que j’ai reçu de France, avec un mélange de curiosité et d’angoisse (« vais-je réussir à faire rentrer tout ça dans mes valises ?! »). Puis fin de soirée entre dvd et délires:)
Dernier jour sur Vancouver le 25, sous la pluie, sur Commercial Drive encore. N’y allant pas souvent j’ai voulu en profiter. C’est une rue très latine, très atypique, avec beaucoup de café/restaurant portugais, italiens, français.
On s’arrête dans un café portugais, pour la blague, vu que Mary a quelques origines portugaises. Et là c’est une vraie plongée dans un autre monde. Je me serais cru dans le film Rocky, avec cette atmosphère très latine, autant dû au mobilier qu’aux clients. Mention spéciale à un homme de 80 ans, avec ses grosses lunettes, habillé de couleur sombre, mal rasé, en train de lire son journal au fond du café. Lui avait vraiment une gueule de cinéma !
Arrive le soir, le départ approche.
Comme tout départ, c’est un mélange d’excitation de se rendre vers l’inconnu, et de remords sur le fait de quitter un univers justement connu, avec ses repères, et les personnes qu’on ne peut pas emmener avec nous, que l’on doit laisser sur son chemin. En espérant les revoir un jour.
Direction donc Pacific Central pour prendre mon bus, pour la deuxième fois depuis mon arrivé au Canada. La première remontant à juin, pour mon départ pour Keremeos. Entre ça et le fait qu’on s’est aventuré il y a quelques semaines, sans le faire exprès, près de l’aéroport de Vancouver en voiture avec Mary, où je suis arrivé 6 mois plus tôt, ça faisait une grosse séance nostalgie.
C’est un peu évidemment hors sujet ici, mais revoir cet aéroport, c’était évidemment repenser à mon arrivé, au ptit bonhomme que j’étais et qui avait tout à apprendre sur cette terre étrangère. A tout le chemin parcouru depuis, tous ces lieux, toutes ces rencontres. Bref…revoir cet aéroport c’était me prendre une gifle de mes 6 premiers mois de séjour.
Refermons la parenthèse.
En tout et pour tout, je n’avais au final pris que 2 fois la compagnie de bus Greyhound.
La première comme rappelé plus haut, pour Keremeos, la seconde lorsque je me suis rendu à Vancouver Island. Et lors de ces 2 trajets on ne m’a jamais vraiment embêté avec le poids de mes bagages. Et bien évidemment, pas cette fois !
Peut-être que c’était dû au fait que c’était le jour de Noël, et que les gens repartaient avec les valises pleines, plus que d’habitude. En tout cas j’ai dû faire peser mon gros sac à roulette, et évidemment, bim, surcharge !
J’étais en avance mais ça suffit quand même à foutre un coup de stress, car fermer mon sac reste toujours un calvaire avec une réussite aléatoire, où je fais ma petite prière avant de m’attaquer à cette tâche. Alors devoir effectuer cette manœuvre avec un timing serré ce n’est pas un truc que j’affectionne particulièrement.
Heureusement je ne dépassais de pas beaucoup, un gros jean et quelques t-shirt enlevés et je repassais sous le poids autorisé. Comme si mon sac à dos n’était pas encore suffisamment en risque d’explosion comme ça ! Mon jean ira donc se plier sur la sacoche de mon pc portable, pas le choix.
Je peux enfin accéder à mon bus, bondé. Noël charrie du monde…
C’est donc partie pour un voyage qui commence à 18h15 de nuit, pour 14h de route.
La chose la plus frappante, c’est que l’on s’aperçoit très vite du micro climat qu’est Vancouver.
On le sait tous, mais là j’ai pu le constater de mes yeux, en voyant la neige sur les routes très vite après notre départ. Et oui, dans ce pays il neige partout, sauf à Vancouver !
Enfin je mens (nouvelle parenthèse), il a neigé une fois durant ma dernière semaine, très sévèrement du matin à l’après midi. Ca formait une bonne petite couche et une certaine pagaille dans la circulation automobile. Arrivé en fin d’après-midi, la pluie s’est mise à tomber, et pour toute la soirée. Résultat, lorsque je suis sorti de ma plonge durant la nuit, plus une trace de neige. Un peu déprimant !
Le bus fait des arrêts toutes les une ou deux heures en moyenne.
Et évidemment c’est avec un plaisir d’enfant que je descends pour marcher sur la neige. Il faut bien se faire un peu plaisir, car je n’arrive pas trop à dormir dans le bus.
Une des raisons est qu’il est dur d’être totalement serein, dans un bus qui roule de nuit et surtout sur la neige. Entendre toutes les 30 secondes le bus exploser un bloc de neige, ou les roues patiner légèrement ce n’est pas rassurant ! Ou encore sentir que le conducteur accélère, ou laisse le bus un peu en roue libre, ça peut s’avérer flippant.
Je pense néanmoins que j’aurais pu réussir à dormir malgré cela.
Mais après 1/3 du trajet, j’ai eu droit à un voisin de siège, et évidemment je suis tombé sur le seul voisin relou du bus.
Le cliché du chinois, à savoir sans gêne. Qui lorsqu’il baille ne le cache pas, et tout le bus peut l’entendre. Qui ronfle. Qui se lève et fait des allers retours dès qu’il en a l’occasion.
J’avais tellement envie de le claquer lorsqu’il baillait fort à répétition, que ma colère a pris le pas sur mon envie de dormir.
Donc à partir d’un moment j’ai fait une croix sur mon sommeil, et je profitais du paysage.
Même s’il faisait nuit, on distinguait assez bien les grands massifs montagneux tous proches. On les devinait, avec leurs silhouettes imposantes, seuls dans le noir. L’obscurité les rendant plus intimidants qu’impressionnants. Plus malsains que magiques.
Les arrêts passent, sans que le froid ne se fasse trop méchant.
Jusqu’à arriver à l’avant dernier arrêt, à Golden. Là ça y’est on y est, le froid, le vrai. Celui qui vous glace les os après seulement une minute, celui où vous crachez de la fumée blanche sans fumer.
Avec les quelques zombies qui m’accompagnaient, je me prends un café à la station-service, qui ne mettra pas longtemps de passer de bouillant à température convenable une fois dehors.
Le jour commence à faire timidement son apparition, la fin du périple est proche.
Enfin, je le pensais…
En effet j’arrive enfin à Banff, comme prévu sur les coups de 8h30. Mon sac sur le dos, mon pc portable sur le ventre. Dehors, le chauffeur cherche ma valise dans la soute, mais aucune trace d’elle. Il ouvre tous les compartiments et me laisse y jeter un coup d’œil, non rien à faire, elle ne s’y trouve pas.
Bon ba ça commence bien cette histoire !
Le chauffeur me renvoi donc vers la personne chargée de la station de bus de Banff, qui me demande d’inscrire mes coordonnées et une description précise du bagage. Je lui demande la procédure, et il me répond qu’il va appeler toutes les stations où l’on s’est arrêté, et s’ils mettent la main sur mon bagage, il prendra le prochain bus pour Banff et il m’appellera.
Le mec pas plus affolé que ça, du genre on sent que ce n’est pas la première fois que ça arrive.
Moi du reste pas trop affolé non plus, advienne que pourra. Tous mes objets de valeurs étant sur moi, ça aurait été juste chiant de devoir se racheter des fringues. Ce qui m’ennuyait le plus en fait c’est que ma veste d’hiver se trouvait dans le bagage perdu.
Car là, comme à Golden, ça pique méchamment !
Le fait le plus notable arrivé à -10 / -15 degrés, c’est que vos oreilles sont gelées en même pas une minute.
Je ne parle même pas de vos mains…
Je prends le taxi pour me rendre à mon auberge de jeunesse, et une fois arrivé je profite un peu du paysage surréaliste. Tout est enneigé, des montagnes à tous les coins, le dépaysement est total. Il le sera encore plus lors de mes premiers pas dans le « downtown » de Banff. Un sentiment d’évasion m’envahi. Un sentiment d’être dans un univers totalement différent, sur un territoire rugueux qui n’est pas fait pour moi, où personne ne m’attend, où je vais devoir encore tout apprendre.
Je vais encore devoir me battre pour le boulot, le logement, etc…On ressent évidemment un peu de crainte, mais dans le fond je dois être un peu maso parce que j’aime cela, me lancer des défis 10 fois plus gros que moi.
Je m’installe donc dans ma chambre, et repasse au front desk pour les prévenir que je suis intéressé pour travailler un peu pour avoir les nuits gratuites. Je rencontre donc dans la foulée le manager, pour passer un entretien. Il est 9h, je n’ai pas dormi, tout vas bien 😀
L’entretien se passe bien, il m’indique qu’une place est disponible le 2 janvier mais elle est déjà prise.
Mais que la prochaine sera pour moi.
Je me balade ensuite dans le downtown de Banff.
Pour vous mettre dans l’ambiance une patinoire publique à ciel ouvert est présente en son centre. Normal quoi !
Je me prends un café, en profite pour surfer un peu, et apprendre que je peux me faire du souci pour ma valise, car les témoignages de gens ayant eu le même problème ne sont pas très rassurants…
Comme un meurt de faim, je tente ensuite direct ma chance au Earls du coin, mais je suis accueilli assez froidement, et on m’indique de plutôt tenter ma chance en janvier.
Plus tard dans la journée, je reçois un coup de fil du mec de la station de bus, me disant qu’il a récupéré mon bagage. Soulagement, je le récupère, pas ouvert, tout y est, je ne cherche pas à comprendre. Et là vient ma première épreuve héroïque : devoir trainer ce bagage jusqu’au premier arrêt de bus pour rentrer à mon auberge de jeunesse, cette dernière étant assez éloignée du centre-ville.
Cela ne représente que 5/10 minutes de marche, mais sur de la neige ça roule évidemment beaucoup moins bien, mais surtout sans gant, c’était juste l’enfer ! Donc plan B. Une main dans la poche, l’autre qui affronte le froid pour tirer le sac, puis chaque minute j’alternais de main. C’est là qu’on prend vraiment conscience que le froid sera votre ennemie au quotidien.
Finalement avant de prendre mon bus, je m’arrête au macdo du coin, histoire de manger un peu chaud. Le reste de la journée est assez calme. La nuit tombe vite ici, je rentre dans mon dortoir de 4 lits, et profite que j’y sois seul ce soir-là pour passer une bonne nuit.
Welcome !
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