Quelle vieille rime, je me fais honte parfois.

Suite à mon dernier post, j’ai bien eu le job comme je l’avais dis, qui est donc dishwasher (ou plongeur) au restaurant Earls à Robson street. Un peu plus de 10 minutes à pied de chez moi.

Toutes les personnes sans expérience dans la cuisine commencent au grade « recruit », et la tâche des recruits c’est de faire la plonge. Alors autant déflorer l’histoire tout de suite, pour avoir fait maintenant pas mal de boulot de merde, je peux, et sans trop hésiter, le consacrer en number one !

Ce n’est pas un boulot particulièrement dur physiquement, là c’est plutôt au niveau mental où c’est dur. Vous n’avez aucune seconde pour vous. Mais alors aucune. Le flot de vaisselle, amené par les serveurs et par les cuisiniers, ne s’arrêtent jamais, s’empile et s’empile sur votre petit poste de travail. Vous, vous devez envoyez du bois continuellement.

Faire un pré-rinçage si c’est vraiment trop crade, puis disposer la vaisselle sur des petites palettes en plastiques. Le lave vaisselle peut en contenir 2, il faut donc en mettre le plus possible sur vos 2 palettes. La machine met moins d’une minute à tout laver, ensuite vous devez sortir la vaisselle, puis la trier un peu plus loin, qui sera récupérée au compte goutte par les serveurs.

On se sent vraiment dans « Les Temps Modernes » de Chaplin. Durant mes 5 ou 6 heures de boulot, c’est vraiment non stop, et il faut vraiment avoir un mental d’acier pour encore avoir la motivation, encore avoir la force de donner un coup de collier après 5 heures intensives. Car le pire étant à venir…

Je fais 2 horaires. Un « pépére », 16h/21h, l’autre 18h/00h. Ce dernier signifiant donc que je ferme le restaurant. Et là, c’est double ration d’enfer !

Après 5 heures, vous êtes un peu en mode zombie. Et c’est pile à ce moment là où il faut de nouveau envoyer du bois, car tous les ustensiles, outils, et ce que vous voulez, qu’utilisent les cuisiniers vous arrivent sur la tronche. En 10 minutes, votre comptoir est rempli de nouveau à raz bord. Vous pensiez finir bientôt, et à la vue de tout ça vous savez que vous êtes encore très loin du compte.

C’est un sacré ascenseur émotionnel, et ma première fermeture fut assez horrible pour ça. Vous êtes à bout et vous ne pouvez pas jauger du temps que ça va vous prendre. On ne voit pas le bout du tunnel. Après la première fermeture faite, ça devient un peu moins dur, car on sait qu’il y aura une fin, et on sait combien de temps ça nous prendra.

Sinon mes collègues sont sympas. Deux serveurs parlent français, et se font un plaisir de parler avec moi ! L’un a des notions mais galère pas mal, l’autre à un vrai bon niveau et n’a pas trop d’accent.

Mes collègues cuistots eux leur délire c’est plutôt de me dire un grand bonjour (rajoutez un bon accent anglais) avec un grand sourire quand j’arrive, et idem avec au revoir quand je part !

Sinon dès que je parle un peu avec eux, ça les éclatent de placer dans la conversation quelques mots en français qui leurs reviennent de leur cours de français.

Ils sont vraiment accueillants, aidants, et pour raison principale je dirais que la plupart ont tous commencé comme moi, et savent que je fais un poste à la fois ingrat et dur. Donc c’est cool, l’ambiance de travail est bonne, et c’est marrant de vivre ça.

Car du serveur au cuisinier, tous mes collègues sont jeunes et on à peu près les mêmes zones d’âges pour la plupart. Et donc j’apprends à connaître comment ils s’interpellent entre jeunes ici. Et bien c’est pas si loin des séries tv ! Je me fais interpeller à coups de « hey buddy », « hey bro », « hey man », tout y passe !

Les serveuses ont un dress code hyper classe et hyper sexy en même temps. Ca donne doublement faim…Mais dur de draguer les mains dans la saleté !

Celle avec qui je suis rentré le plus en contact (mais ça reste très bref car un resto ça bouge dans tous les sens), c’est, je vous le donne dans le mille, une australienne ! Elle m’aura au moins démontrer que tous les australiens n’ont pas un soft accent. Je dois beaucoup plus m’accrocher pour la comprendre que pour Kylie. La difficulté qui se rajoute pour la compréhension, avec elle ou avec les autres, c’est qu’évidemment ils utilisent un champ lexical de cuisine, donc il y a pleins de mots que je ne comprend pas car j’en ai jamais entendu parlé avant ! Mais bon, plus les jours passent et plus on apprend.

Dans la même logique, je me suis décidé à acheter mon premier livre en anglais, « New York To Dallas » de J.D Robb. Un petit polar futuriste. La première page m’a bien plus, je comprenais quasiment tout, et il y avait un gros humour noir comme je les aime. J’ai dis banco !

Le plus souvent, avant d’aller au boulot, je sort l’après midi et profite des derniers jours d’été pour bouquiner dehors. J’ai toujours avec moi mon dictionnaire. Certains paragraphes, j’en ai pas du tout besoin, d’autres au contraire j’en ai besoin à chaque ligne. Mais je vois que c’est bénéfique, car parfois je retombe sur un mot où j’avais buté, et après plusieurs fois à revérifier, à le recroiser, un moment donné ça commence à rentrer.

Sinon vendredi dernier, j’ai rencontré une canadienne voulant pratiquer son français, ne voulant pas perdre son niveau qu’elle a obtenu en vivant quelques temps à Montréal.

C’est donc un échange, on se prend un café et on parle anglais pour m’aider moi, et français pour l’aider elle. Ce qui est sympa c’est que très vite l’exercice partait un peu dans tous les sens, un parlant français, l’autre répondant en anglais, et vice versa. C’est une bonne gymnastique mentale au final !

Pour finir, petit point sur mon voyage à bientôt 4 mois sur place.

Comme je le disais à Kylie (qui était de passage 2 jours à Vancouver 🙂 ), je suis assez perdu en ce moment. Je partirais de Vancouver fin décembre, ça fera 6 mois de séjour de passé, et encore tellement de choses à vouloir faire (un trip sur la Côte Ouest US, un saut à Whistler, un saut au Yukon, et beaucoup de pointillés jusqu’à finir à Toronto).

Il faudra donc faire des choix, que je n’ai pas envie de faire. Je ne pense pas qu’en 6 mois le goût du voyage et de la découverte permanente va s’évaporer. Je sais très bien, pour avoir lu des témoignages, que du jour au lendemain il se peut que je veuille rentrer au pays. Je ne rejette pas cette hypothèse, et ne peut pas me projeter dans 6 mois pour savoir comment sera mon état d’esprit.

Je ne peux que parler de mon état d’esprit à ce moment précis, qui est une envie de rester peut être un peu plus longtemps au Canada (ou du moins d’y retourner pour quelques temps), ou/et tenter un autre pvt. En pvt anglophone il reste l’Australie ou la Nouvelle Zélande, je serais plus tenté par le premier.

Mes 6 derniers mois seront en partie empâtés par mon arrivé à Toronto, et la préparation du vol retour. Je crains qu’ils ne soient pas suffisant pour étancher ma soif de voyage.

Wait&See

See ya !